Charles Ghankay Taylor est né au Liberia d'un père américain et d'une mère américano-libérienne, dans un pays où les descendants d'esclaves affranchis ne représentent que 5% de la population totale mais ont toujours trusté le pouvoir depuis l'indépendance.

Il quitta le Liberia pour l'université de Bentley dans le Massachusetts, dont il fut diplômé en 1977. Malgré son appartenance à l'élite des descendants d'esclaves, il rentre dans un cercle d'expatriés libériens qui dénonce le régime du président William Tolbert. Suite au coup d'état brutal violent de Samuel Doe, qui conduisit à l'exécution de Tolbert, Taylor devint un proche conseiller du nouveau président et se vit confier les services généraux du gouvernement.

En compensation du travail considérable qu'il fournit à ce poste, il détourna $ 900,000 en trois ans, et dut fuir vers les USA et Boston où il fut arrêté sur la base d'un mandat d'arrêt émis par le Liberia. Il fit la connaissance de geôliers indulgents qui fermèrent les yeux sur son évasion moyennant un dédommagement symbolique de $ 30,000.

Il rentra alors en Afrique, où la Côte d'Ivoire lui servit de base pour ses voyages incessants afin de consolider l'opposition à Doe. Il s'impliqua dans le National Patriotic Front of Liberia (NPFL) dont il devint le leader à la fin des années 1980. Le jour de Noël en 1989, les forces du NPFL lancent une attaque sur le comté de Nimba dans le nord du pays. Après quelques mois de combat, les forces de Taylor ont pris la plupart du pays, et Doe est encerclé dans Monrovia, la capitale. Prince Yormie Johnson, leader d'un groupe rebelle concurrent, se charge d'exécuter la sentence et réserve à Doe le sort que celui-ci octroya à Tolbert. Amos Sawyer, un professeur modéré, est placé à la tête de l'état en septembre 1990.

Cependant, Taylor se proclame président en octobre de la même année et la guerre civile atteint des sommets de violence dans les sept années qui suivent. S'opposent alors des factions du NPFL, le NPFL et d'autres groupes armés, NPFL et Ecomog (une force d'interposition envoyée au nom de l'UEMOA) jusqu'à la victoire des troupes de Taylor.

Des élections sont alors tenues en juillet 1997, qui conduisent à une victoire écrasante de Taylor et de son National Patriotic Party (NPP), avec 75% des votes, dans une élection considérée comme valable par les observateurs internationaux. La mise sous éteignoir des médias, l'élimination d'opposants, la corruption, et le soutien au RUF, mouvement sierra-léonais rebelle et ultraviolent, sont autant d'indices quant à la politique adoptée par l'ex-chef de guerre Taylor...