Né en 1921, Suharto a combattu durant la guerre d’indépendance de 1945-1949 qui entraîna le départ des troupes néerlandaises. Chef d’état-major en 1965, il écrase un « complot » communiste que beaucoup l’accusent d’avoir lui-même fomenté. Il s’ensuit un massacre d’un million de communistes du PKI ou supposés tels, et la prise de pouvoir de Suharto aux dépens du père de l’indépendance Sukarno. Ce passage de relais, le Supersemar , fut un véritable acte d’allégeance à la Hindenburg de la part de Sukarno, lâché par l’armée et sous la pression des manifestations populaires. Cette opposition virulente au communisme nourrit des spéculations sur ses liens avec la CIA. On sait qu’une de ses premières mesures fut de s’opposer à la nationalisation des biens des compagnies pétrolières US que Sukarno était sur le point de mettre en oeuvre…

Suharto est officiellement élu président par l’Assemblée en 1968, et le fut tous les cinq ans, lui conférant un palmarès à faire rougir d’envie la Juventus et le Real Madrid : vainqueur en 1973 et en 1978, il le fut encore en 1983, 1988, 1993 et 1998.

A l’inverse de la politique pro-chinoise de Sukarno, Suharto développe une agressivité à l’encontre des Chinois qui se traduit par des émeutes raciales récurrentes et la privation de certains droits (citoyenneté, utilisation des idéogrammes chinois, publication de journaux). Lui et sa famille tirent en outre grandement profit de la croissance économique qui gagne l’Indonésie, et le clan Suharto constitue un vaste réseau de corruption et de népotisme.

Suite au départ des troupes portugaises du Timor Oriental en 1975, l’armée indonésienne investit cette partie de l’île entraînant une guérilla sanglante Celle-ci ne s’achèvera qu’avec la chute du régime Suharto en 1998, en plein cœur d’une grave crise économique, et de la peur d’un démantèlement de l’état indonésien du fait de la multiplication des demandes d’émancipation en provenance des différentes îles.

En janvier 1998, Forbes magazine estime la fortune du clan Suharto à 16 milliards de $, la CIA va plus loin et évalue ce montant à 35 milliards $.